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À l’occasion de la traditionnelle cérémonie de la remise des prix du Concours général, qui s’est déroulée hier au Grand Théâtre, le Premier Ministre du Sénégal, Monsieur Ousmane SONKO, a annoncé que la décision prise par certaines écoles de ne pas accepter des élèves portant le voile ne peut être cautionnée par l’État. « Certaines choses ne peuvent plus être tolérées dans ce pays, dira -t-il. En Europe, ils nous parlent constamment de leur modèle de vie et de style. C’est eux que cela concerne. Au Sénégal nous ne permettrons plus à certaines écoles d’interdire le port du voile », a fermement annoncé le Chef du Gouvernement sénégalais.

Des paroles et une prise de position qui ont suscité beaucoup d’émoi et de réactions, surtout chez de nombreux fidèles catholiques.

En effet, faudrait-il le rappeler, l’Église catholique s’est toujours parfaitement illustrée dans le domaine de l’éducation, offrant à toutes les populations, de quelques bords qu’elles soient, sans distinction aucune de confession ou de situation sociale, une opportunité unique de scolarisation et de formation de qualité saluée par tout un peuple, dans sa diversité. D’ailleurs c’est ce qui explique, selon les responsables de ces institutions catholiques, du reste approuvées par l’État, le nombre plus que pléthorique d’inscriptions enregistrées chaque année par leurs structures, avec des classes, pour la quasi totalité, composées d’élèves non catholiques. 

Un fait reconnu par les concitoyens musulmans, qui ont toujours loué la qualité et le sérieux de l’éducation dispensée par les écoles sous la tutelle ecclésiale.

Aussi, selon beaucoup, ces propos édictés par le Chef du Gouvernement, garant par ailleurs de l’héritage du respect et de la préservation de la cohésion sociale, risque d’ébranler ce trésor unique et rare qui fait la grandeur et la fierté du Sénégal, jouant dangereusement ainsi sur un sujet très sensible et fondamental qu’est la liberté religieuse et le respect scrupuleux et inaliénable de son expression. Un dangereux précédent, reconnaissent nombre d’observateurs et de citoyens…

À ce titre, Monsieur Nando Cabral GOMIS nous partage sa réflexion et ce que lui ont inspiré les propos du Premier Ministre du Sénégal.

Équilibre religieux au Sénégal : Pourquoi imposer le port du voile dans les écoles catholiques ?

Le Sénégal a toujours affirmé sa laïcité, caractérisée par une tolérance et une communion fraternelle entre musulmans et chrétiens, sans aucun problème. Avant même notre indépendance et l’adoption de notre constitution, cette réalité était déjà présente. Cela se traduit, au-delà de la cohabitation harmonieuse dans les maisons, les quartiers et même les cimetières de certaines localités, par l’ouverture des établissements sanitaires( poste de santé), sociaux (caritas) et scolaires confessionnels catholiques à tous les enfants du pays, sans distinction de race ou de religion.

Aujourd’hui, vouloir obliger les écoles privées confessionnelles catholiques du Sénégal à accueillir des élèves voilés, c’est chercher à rompre cet équilibre. Le gouvernement sait pertinemment qu’il ne pourra jamais faire accepter des enfants chrétiens portant des croix ou d’autres symboles religieux chrétiens dans les écoles franco-arabes. Le gouvernement devrait vraiment éviter d’ouvrir, dans un contexte où il est pressé de toute part par des priorités, des fronts qui ne feraient que renforcer la division de la nation sénégalaise, une nation que votre régime s’est engagé à réparer.

Les écoles privées catholiques ont toujours interdit le port du voile, tout comme les écoles coraniques ne tolèrent pas la présence d’enfants non musulmans dans leur effectif. Cela n’a jamais posé de problème. La preuve en est que cette réalité vécue, avec des écoles confessionnelles musulmanes fermées aux non-musulmans et des écoles confessionnelles catholiques ouvertes (sans voile), n’a pas empêché notre président BDDF et tant d’autres cadres musulmans et musulmanes d’être le fruit de cet enseignement confessionnel catholique.

Comme bon nombre de cadres chrétiens de ce pays, je pense que le PM s’est trompé de bonne foi en considérant ces écoles privées catholiques, qui enseignent un programme français du fait de l’agrément qu’elles ont obtenu du gouvernement français, comme des écoles étrangères. Il s’agit bel et bien d’écoles privées catholiques du Sénégal, sous la direction de l’Office de l’enseignement privé catholique, administré par nos Pères évêques.

Nando Cabral GOMIS

 

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